Communiqué du Département de la Seine-Saint-Denis, du 14 décembre 2020, sur le prolongement Nord de la ligne 14 du métro.
Inaugurée lundi 15 décembre 2020 dans après-midi, la Ligne 14 arrive enfin à Mairie de Saint-Ouen, et c’est une excellente nouvelle. Pour autant, celle-ci ne fait malheureusement pas oublier les difficultés et l’attente endurées par les habitantes et habitants de la Seine-Saint-Denis pour en arriver là. Elle rappelle au contraire à quels points les projets de transports en commun sont importants en Seine-Saint-Denis, et leurs retards chroniques lourds de conséquences.
En Seine-Saint-Denis, peut-être encore plus qu’ailleurs, les transports en commun ont toujours été bien plus que des moyens de déplacement ; ils améliorent le quotidien de chacune et chacun. Ils représentent l’opportunité d’avoir un meilleur accès à l’emploi et à l’éducation, à la culture, aux loisirs, et finalement à l’ensemble des équipements que l’on est en droit d’attendre lorsque l’on vit au cœur d’une des régions les plus riche d’Europe. Ils créent aussi les conditions pour que des entreprises viennent s’installer et que des pôles économiques se développent partout sur notre territoire. Ils permettent enfin d’en finir avec le « tout-voiture » et de lutter contre les différentes pollutions qui affectent le cadre de vie des habitantes et habitants autant que leur santé. Alors oui, pour toutes ces raisons, l’arrivée de la ligne 14 du métro à Saint-Ouen est une bonne nouvelle ! Mais c’est exactement pour ces mêmes raisons qu’il m’est impossible de ne pas penser avec amertume à tout ce qui aurait déjà pu changer pour les habitantes et habitantes de la Seine-Saint-Denis si ce projet de prolongement Nord de la Ligne 14 n’avait pas eu 3 ans de retard.
La réalité est que l’inauguration d’aujourd’hui ne cache pas la multitude de retards chroniques accumulés dans notre département en matière de transports en commun. Le prolongement de la ligne 12 qui en est désormais à plus de 4 ans de retard – et des surcoûts de plus en plus élevés, que l’on demande aux collectivités locales d’éponger, sans possibilité de remise en question des causes et responsabilités sur ces retards. Le T1 à Val-de-Fontenay, qui aurait été si utile pendant les Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024 et qui ne sera bouclé au plus tôt qu’en 2025 pour la première phase, et en 2026 voire 2027 jusqu’à Fontenay-sous-Bois. Le TZen3 que nous venons enfin de lancer alors que le projet a plus de dix ans. Et je ne parle pas du métro du Grand Paris Express dont les lignes ne verront désormais le jour qu’en 2030.
L’enthousiasme qui préside à cette inauguration tant attendue ne peut donc masquer des inquiétudes. A commencer par les problèmes structurels de financement des transports en commun, et de la difficulté que nous rencontrons à boucler le financement de beaucoup de projets, faute de prendre en compte la situation particulière de chaque territoire. Demander le même taux de financement à des départements comme la Seine-Saint-Denis et à des départements beaucoup plus riches ne peut que renforcer les déséquilibres territoriaux. Un problème d’équité que nous soulevons depuis de nombreuses années et que je tiens à rappeler avec force.
Comment ne rien dire également face aux négociations qui se sont engagées sur le prochain CPER (Contrat de Plan État-Région) et qui ne sont en rien rassurantes ? Sortir les transports de la programmation et se contenter de prolonger les financements actuels jusqu’en 2022, c’est prendre le risque de retarder encore plus la rattrapage en matière de transports en Seine-Saint-Denis. Alors oui, l’inauguration de ce jour est une chance. Mais c’est parce que nous voulons que chaque habitante et chaque habitant de la Seine-Saint-Denis puisse profiter de cette chance que nous nous devons de ne rien céder face aux tergiversations et aux reculades constantes qui sont vécues comme autant d’abandons par notre population.
Stéphane Troussel, Président du Département de la Seine-Saint-Denis