Une nouvelle page d’histoire s’écrit autour du Musée Bossuet. Dans le cadre du Plan Patrimoine, la ville de Meaux a lancé une réflexion complète autour de la cité épiscopale. Ville d’art et d’histoire, Meaux conserve fièrement son passé historique. Situé en plein cœur de la cité épiscopale, le Musée Bossuet occupe l’ancien palais des évêques, une importance historique reléguée au second plan jusqu’ici. Origines du palais épiscopal, développement du Musée Bossuet et futur de la cité épiscopale… Zoom sur un projet d’envergure.
Au fil du temps et son histoire… La Région Ile-de-France a été indéfiniment marqué par la ville de Meaux. Aujourd’hui plébiscité pour son patrimoine historique… Connaissez-vous l’origine de la cité épiscopale ? « C’est un site très ancien, le rempart est gallo-romain, il date de l’antiquité. C’est autour de lui que s’est construit le pouvoir ecclésiastique avec la Cathédrale médiévale. Le palais épiscopal qui héberge aujourd’hui le Musée Bossuet, on a commencé à le construire au XIIème siècle. Comme c’était un palais et le lieu de vie de l’évêque… Il a énormément évolué, chaque évêque a voulu y apporter sa patte. » Au XVIIIème siècle, un bâtiment annexe a servi de cellule pour les prisonniers. Au XIXème siècle, la sous-préfecture a même partagé une partie des salles avec les évêques. En 1927, le Musée Bossuet est officiellement inauguré, son nom rend hommage à l’évêque le plus célèbre de la ville, Jacques-Bénigne Bossuet.
La collection du Musée Bossuet, une origine mouvementée. Particulièrement marqué par l’histoire de France, le Musée Bossuet n’a pas été épargné par le temps. « Après la Révolution Française, la ville a récupéré un grand nombre d’œuvres d’art et de biens issus des spoliations des aristocrates (extorsions), cette collection a formé le premier muséum de Meaux, c’était à la fois, un musée d’histoire naturelle et une bibliothèque. A la restauration, une grande majorité des œuvres ont été restitués à leurs familles d’origines. Tout au long du XIXème siècle, ce sont des associations locales qui se sont chargées de faire connaître l’histoire de Meaux. Il n’y avait plus d’espaces d’expositions. » En 1910, la ville de Meaux rachète finalement le palais épiscopal à l’Etat pour créer le Musée Bossuet.
« C’est un lieu historique pour la ville de Meaux et pour la Région Ile-de-France ! »
Pourquoi le Musée Bossuet laisse-t-il son empreinte dans l’histoire de France ? Au gré des guerres et des turbulences, le palais épiscopal a été le refuge de plusieurs personnages historiques. « Napoléon y est passé pendant plusieurs trajets de campagnes… Marie-Antoinette et Louis XVI ont dormi dans le palais épiscopal, lors de leur retour de la fuite de Varennes… Avant ça, on raconte que le centre-ville de Meaux était la résidence de Gabrielle d’Estrées (la maîtresse d’Henri IV). Il y a beaucoup de personnages historiques qui sont liés à Meaux. » Pourquoi le nomme-t-on : palais des évêques ? « C’était la résidence des évêques, ils vivaient sur le site et ils avaient leur résidence d’été à Germigny-l’Evêque. » Un véritable lieu d’hébergement et de prestige (avec plusieurs réceptions). A l’époque, les évêques avaient même un accès direct entre le palais épiscopal et la Cathédrale.
Impulsé par la municipalité, le Musée Bossuet entre progressivement dans une nouvelle dimension. En lançant la première étape de la grande rénovation du Musée Bossuet, les élus ont annoncé le coup d’envoi de la rénovation de la cité épiscopale. « Aujourd’hui, le Musée Bossuet a dû mal à trouver sa place par rapport au palais épiscopal. C’est la dualité entre le musée et le monument historique. L’objectif de la municipalité ? C’est faire de ce musée d’art, un musée d’art et d’histoire. » En une seule visite, les habitants imagineront aisément l’utilité des pièces à l’époque. « La volonté de toucher un public plus familial et scolaire, elle est au cœur du projet. L’idée est de rendre ce musée aux Meldois. » Un véritable lieu de vie qui prend forme au fil des mois.
Comment travaille-t-on à cette réhabilitation du Musée Bossuet ? Quelles sont les grandes étapes ? « C’est un travail de longue haleine… Aujourd’hui, notre tâche principale, c’est de revenir au début en faisait l’inventaire des œuvres (pièce par pièce), il y en a à peu près 5000. On s’y attèle, on les documentent, on retrace leurs provenances. » Date de création ou nom de l’artiste… Chaque élément est précieux et déterminera l’avenir du musée. « C’est un chantier monumental, presque autant que le chantier architectural à venir. » Un travail qui devrait encore se poursuivre sur plusieurs mois. « C’est un travail scientifique qui a une obligation. Quand on est Musée de France, une appellation contrôlée par le Ministère de la Culture, qui est prestigieuse et importante, on a un grand nombre de règles à respecter. Evidemment, avoir un inventaire légal de toute notre collection, c’est la règle numéro un. La règle numéro deux, c’est que cette collection doit être récolé, tous les dix ans (vérification des pièces sur place des œuvres). » explique Laura Leze.
A quoi ressemblera le futur Musée Bossuet ? Sera-t-il plus fourni ou bien simplement plus ancré dans le monde actuel ? « Je pense que le musée ne sera pas très différent d’aujourd’hui. L’objectif est de remettre le Monument Historique au cœur de la cité, on ne va pas faire de modifications sur ce bâtiment qui est classé et contrôlé. Il sera certainement plus accessible avec un nombre d’œuvres plus important, grâce à la scénographie qui va entrer dans le XXIème siècle. Je pense qu’il y aura des dispositifs de médiations avec le numérique. » Le Musée Bossuet possède une superbe collection d’art datant du XVIème siècle – XVIIème siècle. En 1914, le fils d’Henri Moissan, Louis Moisson avait notemment fait un don de 400 œuvres du XIXème siècle au musée.
Bien connu des Meldois, le donateur le plus reconnu par les habitants et les visiteurs… C’est Jean-Pierre Changeux, célèbre neurochirurgien, qui donne régulièrement des œuvres à la ville (depuis 1980). Le Musée Bossuet, le musée coup de cœur de Jean-Pierre Changeux qui laissera éternellement sa trace dans l’histoire de Meaux. Pour rappel, la rénovation complète de la cité épiscopale est estimée à 12 millions d’euros.