Zoom sur la septième circonscription. Le dimanche 19 juin 2022, Ersilia Soudais a été élue au second tour des législatives avec 51,31% des suffrages, face au candidat du Rassemblement National, Didier Bernard. En 2017, c’est sous les couleurs de La France Insoumise qu’Ersilia Soudais s’engageait en politique. Anciennement Conseillère Municipale d’opposition à Lagny-sur-Marne et professeur à Bussy-Saint-Georges, la Latignacienne a succédé à Rodrigue Kokouendo (Renaissance). Avec 32 communes au compteur, Ersilia Soudais porte désormais une nouvelle écharpe… Porte-parole de la septième circonscription de Seine-et-Marne. Un an plus tard… Quel est le bilan ?
Elue sous l’étiquette de La France Insoumise, Ersilia Soudais est membre d’un intergroupe : la NUPES. Un an après son élection… Rencontre avec Ersilia Soudais au Café Michka à Lagny-sur-Marne. Santé, logements décents et problématiques locales… A l’Assemblée Nationale, certains combats prennent du temps. Au fil des jours, Ersilia Soudais a découvert ce système, en compagnie de ses collaborateurs. « On avance à petits pas, l’idée est de ne surtout pas lâcher. » Aux quatre coins de la circonscription, l’élue multiplie les permanences mobiles pour faire entendre : la voix du peuple.
La santé, une urgence locale. Particulièrement touchée par la désertification médicale, la Seine-et-Marne peine à attirer de nouveaux médecins. Installations de cabines de téléconsultations, aménagement de l’hôpital et construction de maisons médicales… Malgré plusieurs initiatives locales (menées par des élus locaux), le secteur de la santé reste dans une profonde souffrance. Dans la continuité de l’opération Allo Ségur, Ersilia Soudais a visité les établissements du GHEF (Grand Hôpital de l’Est Francilien) pour établir un diagnostic. A la suite, les toutes premières assises de la santé se sont déroulées à Mitry-Mory. Objectif ? Rétablir le dialogue entre toutes les parties. « On manque de personnel, les conditions de travail sont délétères, ça aboutit à des soins qui ne sont pas satisfaisants pour les patients. » Associations, syndicats et élus… Ils se sont tous réunis pour réfléchir ensemble à des solutions. Dans l’esprit d’Ersilia Soudais, une première opération s’impose : la création d’un CHU (Centre Hospitalier Universitaire) en Seine-et-Marne. « On a essayé d’avancer sur la question de la régulation (répartition plus raisonnée des médecins sur le territoire). En vérité, si on a besoin d’un CHU, c’est qu’il y a un besoin de régulation des médecins sur le territoire français. » Son objectif ? Réunir toutes les mouvances politiques locales autour de cette question. « Le CHU, c’est une autre option, ça permet de former des médecins sur le territoire et donc : de les fidéliser. Ils apprennent à connaître le territoire et à l’aimer. » Le dialogue est ouvert. Dernièrement, une école d’infirmières a été annoncé à Lagny-sur-Marne pour 2025.
Le GHEF en danger ? Manque de personnel, tâches trop importantes et conditions de travail déplorables… Le personnel des hôpitaux du GHEF alerte. « On nous parle d’un climat de terreur… qui abouti à des burn-out, des tentatives de suicides et des arrêts prolongés. On ne gère pas un hôpital comme on gère une entreprise, on n’est pas là pour faire du profit. Malheureusement, la direction actuelle a cette volonté. » Suite au retrait du directeur, Ersilia Soudais multiplie les courriers au ministère de la santé, sans succès. « Il faut continuer à interpeler les pouvoirs publics. La réponse du ministre ne m’a pas satisfaite, il n’a pas voulu se mêler de la nouvelle nomination du directeur, il m’a redirigé vers l’ARS (Agence Régionale de Santé). » Une urgence qui n’a pas été saisit par les différents responsables… L’élue a d’ors et déjà prévu de les recontacter. « Il sera bien obligé de prendre ses responsabilités. » En-tête, Ersilia Soudais souhaite un directeur plus bienveillant qui soit à l’écoute des équipes.
La question du mal-logement, un cheval de bataille. Particulièrement engagée, l’ancienne élue d’opposition de Lagny-sur-Marne suit toujours les dossiers locaux. Récemment, Ersilia Soudais a également soutenu la mobilisation contre le projet du bois de Champ Pourri (pétition en ligne). « J’avais vraiment raison d’être aussi investie sur cette question là. C’est le sujet numéro un qui préoccupe les gens que je rencontre pendant mes permanences. Qu’est-ce que je reproche à Habitat 77 ? C’est de ne pas prendre assez soins des logements, ils offrent des conditions de vie assez déplorables aux habitants. » Entre l’infiltration d’eau et les coupures de courant… Les familles font régulièrement face à des problématiques. Certains logements ne peuvent pas être chauffés en hiver. « J’ai demandé des comptes à Habitat 77, ils me disent que c’est le problème du prestataire… Mais, comment choisissez-vous vos prestataires ? Je pense qu’il faut vraiment réfléchir au sujet. » Lors des permanences mobiles, les habitants se confient. « Parfois, ils sont sensés être prioritaires et pourtant, ils mettent beaucoup de temps à en avoir un. C’est un problème national, il manque un million de logements sociaux en France. L’Etat devrait se saisir du problème… Mais, ce n’est pas leur priorité. » A l’Assemblée Nationale, plusieurs propositions d’amendements ont été faites pour obtenir plus de logements sociaux ou une baisse des loyers… Des idées rejetées. « L’une des pistes ? C’est s’occuper de la question des logements vacants. On parle de construire, mais, il y a déjà beaucoup de logements vacants qu’il faudrait réquisitionner. C’est déjà possible mais, ça prend énormément de temps. » Aujourd’hui, le pays fait face à un problème global : des personnes qui ne répondent pas aux critères pour avoir accès aux logements sociaux n’ont pas les moyens suffisants pour se loger dans le privé.
Les droits humains sont bafoués en prison ou dans les Centres de Rétention Administrative (CRA). A l’échelle de l’Etat, une priorité : la construction de nouvelles prisons. Sur le terrain, les structures actuelles auraient besoin d ‘être rénovées… les prisons sont dans un état lugubre. « C’est une question de droits humains. Même si les prisonniers ont commis des délits, ce sont des êtres humains, il faut respecter leur humanité surtout si on veut les réinsérer. L’objectif d’une prison, c’est de faire payer le prix d’une faute et réinsérer la personne. » Face à cette situation, Ersilia Soudais a interpellé le ministère de la justice… Réponse ? L’élue ne s’est pas rendu dans les bonnes structures (certains prennent des douches tous les jours). Du côté des Centres de Rétention Administrative… c’est le même problème. « Quand on y va, on se rend compte qu’on y met les gens facilement… c’est une sorte de prison bis (les gens sont présentés comme des délinquants). » Le souhait d’Ersilia Soudais ? Menée une politique plus raisonnée. « J’ai visité à plusieurs reprises, le CRA du Mesnil-Amelot (Nord Seine-et-Marne)… Il y a pas mal de choses qui ne vont pas ! Le contrôleur des lieux de privation de liberté a récemment fait un rapport, il était extrêmement négatif. Il pointait du doigt, les conditions de vie. » Pour exemple, les détenus n’avaient pas d’intimité aux toilettes (la porte restait ouverte). Après plusieurs relances, une nouvelle porte sera installée. « C’est censé être un lieu de passage (où on y reste pas longtemps). Là, on peut rester jusqu’à 90 jours, renouvelable. » Les occupants sont enfermés sans activités à disposition… Des ressortissants Ukrainiens y sont même logés.
A l’Assemblée Nationale, l’élue est membre de la Commission des Affaires Etrangères. Co-Présidente avec Patricia Lemoine, Députée de la cinquième circonscription de Seine-et-Marne, sur le groupe d’étude des gens du voyage, Ersilia Soudais prône une approche plus empathique. Depuis quelques mois, les premières auditions ont débuté avec différentes associations. « Les échanges étaient extrêmement intéressants. Qu’est-ce qui ressort de ces échanges ? Majoritairement, les aires d’accueil ne sont pas adaptés (en terme de qualité et de nombre). Ils demandent à être traité dignement, ce n’est pas digne d’installer des gens à côté d’une déchetterie ou de voies rapides. » Sur le volet mémoriel, ils souhaiteraient désormais être entendus et associés (par exemple : sur la création d’une exposition dédiée à leur histoire). « L’Etat a sa responsabilité. Les gens oublient que les gens du voyage sont des Français. D’ailleurs, une de leurs demandes, c’est de cesser d’être appelé ‘gens du voyage’, ils veulent être appelé français. » Face à une discrimination en constante augmentation, ils se heurtent à des difficultés quotidiennes. « Les maires comme les gens du voyage sont abandonnés par l’Etat. Il ne se saisit pas du sujet pour que les gens du voyage aient des endroits où s’arrêter… Finalement, ils s’arrêtent où ils peuvent. » A l’échelle locale, certains maires tirent la sonnette d’alarme. « J’ai discuté beaucoup avec le maire de Compans. Finalement, on aide pas les maires qui jouent le jeu. Il faisait le parallèle avec les municipalités qui accueillent des estivants… Ils ont une aide financière pour les accueillir. » Aujourd’hui, les communes ne reçoivent pas d’aide financière pour les accueillir dignement.
Députée, un poste aux multiples casquettes. Ersilia Soudais fait également partie de la Délégation des Droits des Femmes. Dans la circonscription (comme en France), le problème persiste : il manque des logements d’urgence pour accueillir les victimes de voilences conjugales. A l’écoute des enjeux, le Préfet de Seine-et-Marne (Lionel Beffre) s’est mobilisé aux côtés d’Ersilia Soudais pour reloger les victimes. Sur une dynamique plus nationale, les associations sont en souffrance. Il faudrait plus de subventions pour les accompagner et aider les victimes (hommes ou femmes).
Quel est le rôle d’un député ? Un an plus tard… est-ce toujours la même vision ? « C’est pour faire entendre la voix des administrés. Nous sommes des parlementaires, nous sommes là pour parler et porter la voix de ceux qu’on entend pas. » Vous avez besoin d’échanger sur vos problématiques ? Ersilia Soudais multiplie les permanences mobiles en circonscription, dans les villes et les villages. Pour la joindre, il suffit d’écrire un mail à ersilia.soudais@assemblee-nationale.fr. Suivez son actualité, juste ici.