Et si on pouvait rêver d’une Terre où les femmes seraient toutes libres ? A Lizy-sur-Ourcq, l’association Terres de Femmes Libres s’engage pour accompagner les femmes victimes de violences sexuelles, conjugales et en grande précarité. Un combat de tous les instants… Depuis le début de l’année 2023, 121 femmes sont mortes en France sous les coups d’un proche ou d’un conjoint. Souvent coincées dans une spirale infernale, les victimes n’osent pas quitter cet enfer. A l’occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes (du 25 novembre), la parole continue à se libérer doucement. Un sursaut attendu et espéré.
Quel est le but de l’association ? En travaillant en parfaite harmonie avec toutes les instances en place, l’association Terres de Femmes Libres est une pièce neutre de cet échiquier administratif. « L’association a pour vocation de répondre à des demandes immédiates, je pense particulièrement aux démarches. C’est souvent rédhibitoire, c’est difficile de franchir la porte d’une gendarmerie. Quand on vous dit derrière qu’il va falloir aller avoir un médecin, un travailleur social… Et bien, elles abandonnent ! Elles sont déjà malheureuses, elles ont une charge mentale tellement importante. » Pour que ce fléau cesse, l’association accompagne les victimes dans toutes les démarches. « Nous avons des partenaires comme la gendarmerie, les centres communaux d’action sociale, des PMI (Centre de protection maternelle et infantile) ou d’autres associations qui nous appellent directement pour nous dire qu’ils viennent d’avoir une femme. » La première urgence à régler ? Trouver un logement convenable aux victimes.
- Vous avez besoin d’aide ou vous avez simplement envie d’aider l’association ? Un seul numéro, le 07 85 60 90 06. La ligne est ouverte 24h/24 et 7j/7. L’association est également joignable par mail à terresdefemmeslibres@gmail.com. La ligne nationale pour les victimes de violences conjugales est le 3919. Vous pouvez suivre l’actualité de l’association, juste ici.
Au quotidien, un maître mot : la proximité et l’écoute. En rayonnant sur le territoire du Pays de l’Ourcq et aux alentours, l’association s’engage auprès des femmes victimes de violences sexuelles, conjugales et en grande précarité. Comment ? « Nous, on est prêts à les accompagner avec nos propres véhicules dans toutes les démarches qu’il est possible d’entreprendre pour qu’elles puissent être libérées. Finalement, aller au bout de la démarche, c’est être libre. » Aujourd’hui, les victimes parviennent plus facilement à se confier à des associations qu’à des professionnels en uniforme. « Parfois, un professionnel peut se sentir démuni face à certaines situations. » Le souhait ultime de Cindy ? Ouvrir une Maison des Femmes ! « Un endroit dédié pour que justement, elles n’aient plus besoin de se déplacer. Lorsqu’elles viennent nous voir, on ait une permanence avec la gendarmerie, une permanence avec une sage-femme ou même un médecin. On peut penser que c’est utopique mais ça existe dans certains territoires. Je suis convaincue que ça peut exister sur notre territoire ! » Un lieu où les victimes pourraient s’offrir une seconde chance. Et pourquoi pas une deuxième vie ?
- Pour financer les urgences quotidiennes, l’association multiplie les temps forts pour récolter des fonds en organisant une marche solidaire, un loto ou même une tombola. Vous voulez les soutenir ? N’hésitez pas à faire un don ! Vous pouvez suivre l’actualité de l’association, juste ici.
La mission quotidienne de l’association ? Trouver des logements d’urgence aux victimes. Actuellement, l’association loge régulièrement les victimes de violences à l’hôtel. Au fur et à mesure, les collectivités prennent ce sujet à bras le corps. Certains communes prévoient même des logements d’urgence. « A l’avenir, il serait bon et judicieux de réfléchir avec d’autres associations pour trouver des logements dédiés. Avec le nombre de femmes victimes, je ne suis pas sûre que les logements restent vacants très longtemps. » Avec Terres de Femmes Libres, Cindy compte bien accompagner les femmes jusqu’au bout du chemin. « Elles s’aperçoivent vite que le chemin est long… C’est pour ça qu’on souhaite les accompagner. Pour celles qui pensent qu’il vaut mieux se taire… non. On veut aussi les accompagner et leur faire comprendre que se taire, c’est se condamner. » Libérer la parole et faire le premier pas vers la sortie du domicile, c’est une première étape vers la liberté.
Le sujet des violences faites aux femmes est-il correctement traité ? Aujourd’hui, les consciences s’interrogent après chaque tragédie humaine… Une prise de conscience en demi-teinte qui n’est pas suffisante à l’heure actuelle. « On a la sensation qu’on a plusieurs réveils. On en a quand une affaire est médiatisée… Là, ça commence à faire plusieurs affaires. On se dit que c’est un sujet qu’il faut prendre à bras le corps. On voit qu’au niveau du gouvernement, il y a des choses qui se dessinent… Mais c’est jamais suffisant. » Que faut-il aujourd’hui pour que les femmes victimes se libèrent ? « Je veux un vrai réveil et une vraie prise de conscience. On mène de vraies actions, de vrais combats parce que ça ne doit plus exister. » Aujourd’hui, il faut tout simplement des dispositifs plus attentifs aux besoins des victimes. Souvent, il existe des victimes collatérales à ces violences conjugales : les enfants. « On réfléchit à un échappatoire, un week-end entre le parent et l’enfant. Si il y a le besoin de les accompagner, on sera là aussi. Le but, c’est qu’ils puissent se retrouver. Oui, il y a les femmes, c’est mon combat… Mais souvent, il y aussi les enfants. » Le temps d’un week-end, la mère et l’enfant se retrouvent dans un petit cocon pour mieux repartir… et faire face à la suite.
Quels sont les premiers signes à repérer ? Avant la première gifle, il y a souvent quelques premières alertes. Est-ce qu’il fouille votre téléphone ? Est-ce qu’il exige des choses que vous ne souhaitez pas ? « Lorsque la voix est beaucoup plus haute et menaçante… On est déjà dans une forme de violence verbale. Il y a de l’humiliation, il y a des signes de rabaissement, on est déjà dans une forme de violence que personne ne doit subir. A partir de ce moment là, on peut commencer à avoir une prise de conscience. On n’est peut-être pas au bon endroit avec la bonne personne. » Le premier réflexe ? Il faut s’enfuir avant la première gifle, avant qu’il ne soit trop tard !
Le déclic ? Après avoir atteint la quarantaine, Cindy s’est lancée un nouveau combat : créer sa propre association. « Je me suis rendue compte que je n’avais plus honte. J’ai été une enfant victime de violences intrafamiliales puisque ma mère a subi les coups… des coups comme on peut voir dans une bagarre d’hommes. Elle n’est plus là aujourd’hui, ma honte est partie. Je n’ai pas à en avoir honte. Je me sers de tout ça… Je ne l’ai pas sauvé elle mais j’en ai plein d’autres à sauver. Pour elle, pour les enfants, c’est ma vie, c’est mon histoire. » Une histoire qui fait écho à beaucoup d’autres. Pour que ça cesse… Mesdames, parlez et partez !
Vous avez besoin d’aide ou vous avez simplement envie d’aider l’association ? L’association Terres de Femmes Libres est joignable au 07 85 60 90 06 ou par mail à terresdefemmeslibres@gmail.com. La ligne est ouverte 24h/24 et 7j/7. Vous pouvez suivre l’actualité de l’association, juste ici.
- En 2022, 244 000 personnes ont été victimes de violences conjugales. En 2019, plus de 6 140 seine-et-marnaises ont été identifiées. La ligne nationale pour les victimes de violences conjugales est le 3919.