Deux wagons de la guerre 1914-1918. A l’occasion du 105ème anniversaire de la commémoration de l’Armistice, la Communauté d’Agglomération du Pays de Meaux a dévoilé deux wagons issus d’un autre temps. Récupérés au Musée du Génie, les deux wagons ont été restaurés. Objectif ? Revivre une partie de notre histoire pour ne jamais oublier. Une inauguration chargée en émotions.
L’histoire de France et son passé ferroviaire. Idéalement situés au Musée de la Grande Guerre du Pays de Meaux, les deux wagons ont été rénovés grâce au soutien financier de la SNCF, ALSTOM, Eiffage et Transdev. « C’est pour nous une grande émotion d’avoir permis la rénovation de ces wagons qui auraient été démolis alors qu’ils sont un témoignage de mémoire exceptionnel. Pendant la guerre de 1914, ils servaient à transporter les troupes et les animaux mais il faut le dire, ils ont également transporté les malheureux juifs et les résistants déportés dans les camps pendant la deuxième guerre mondiale. » Un transport effectué dans des conditions effroyables… Une partie de notre histoire qu’il fallait sauver. Pourquoi ? « Des lieux de mémoire absolument indispensables surtout dans cette période où on assiste à la résurgence de l’antisémitisme. Nous sommes le 11 novembre, c’est le jour de mémoire, c’est un moment très important pour partager avec nos concitoyens, l’exigence de transmettre aux nouvelles générations : le devoir de vigilance. » A proximité des wagons, deux QR Code peuvent être scannés pour revivre l’histoire comme si vous y étiez. Une expérience immersive imaginée par la start-up Noovaé.
Comment les wagons ont-ils atterri au Musée de Grande Guerre ? A l’origine des collections du musée, Jean-Pierre Verney (le spécialiste de la Grande Guerre) s’est à nouveau tourné vers Jean-François Copé. « Quand je les ai vus à Versailles, le Musée du Génie fermait ses portes, je suis tout de suite tombé sur le wagon blindé (en fer, avec l’Étoile de David), je me suis dit qu’il fallait qu’il vienne à Meaux. Et puis, il faut un wagon huit chevaux et quarante hommes, c’est tellement significatif. L’histoire va faire qu’ils vont servir à transporter les juifs de France et les résistants vers les camps. » A l’époque, les wagons transportent également des blessés, des chevaux, des malades, des munitions et de la nourriture. Deux pièces chargées de notre histoire qui nous rappellent que les voies ferrées ont joué un rôle crucial dans la Grande Guerre. « C’est énorme l’utilisation de la voie ferrée en 1914-1918, on ne peut pas s’en rendre compte. Il faut penser qu’en moyenne, c’est 20 ou 30km à l’heure. En 1914, il y a trois millions d’hommes qui vont être transportés dans ces wagons en quinze jours. » Au cours du conflit, les chantiers de fabrication se multiplient : les modèles se développent et le personnel augmente.
« C’est un autre temps mais ce temps est toujours présent quelque part. »
Les rails pendant la Grande Guerre ? A quoi servaient-ils ? A l’école, vous avez forcément étudié quelques images… « Il y a tellement de photos de ces wagons avec tous ces hommes à bord : quarante hommes et huit chevaux. Pas en même temps ! C’est des wagons, ils étaient sur des lignes, il y avait plein de compagnies différentes à l’époque. Je pense au PLM (Paris Lyon Méditerranée), c’était des wagons qui permettaient de monter le vin rouge du Sud vers la Région Parisienne. » Pendant la guerre, les wagons étaient essentiels. Aujourd’hui, les plus jeunes n’ont pas ces connaissances. « Les gamins ne voient plus ce genre de wagons. Maintenant, ils sont habitués au TER ou au TGV. Même une locomotive (une machine à vapeur), ils ne savent pas ce que c’est. » Le rôle des deux nouveaux wagons ? Transmettre une page de notre histoire aux visiteurs ! Un devoir de mémoire qui s’apparente plus à un travail de mémoire. Après quelques années, les deux wagons ont enfin trouvé leur place au Musée de la Grande Guerre. « Ils sont là aujourd’hui. Pour moi, c’est une satisfaction. Ces wagons qui viennent du passé, ils viennent grignoter un bout de notre passé et notre conscience. La guerre de 1914, elle est la matrice de tout ce qui est arrivé après : en Orient, en Russie ou en Afrique. Ce sont des séquelles de la guerre 1914-1918. » Derrière l’arrivée des wagons sur le Pays de Meaux se cache un homme : Jean-Pierre Verney.
« C’est une grande satisfaction ! Je n’ai jamais désespéré, ça a mis un peu de temps, ils ont bien été restauré. Il va y avoir une petite gare pour les abriter. Et puis, j’ai un projet… J’aimerai bien en ramener un autre ! » nous confie Jean-Pierre Verney. Une prochaine page de notre histoire à écrire ? Rendez-vous au Musée de la Grande Guerre !
- La réhabilitation des wagons est estimée à 150 000 euros (110 000 euros d’implantation et 40 000 euros pour la restauration). Les recettes grimpent à 50 000 euros (mécénat, subventions…).