Opération sensibilisation. Tous les ans, la Présidente de l’association Marion La Main Tendue, Nora Fraisse, rencontre en moyenne 10 000 enfants, âgés de 10 à 26 ans. A Nanteuil-lès-Meaux, la Maman de trois enfants est venue discuter avec deux classes de CM2, en mai dernier, à l’accueil de loisirs Bernard Roux. « On aimerait qu’il y ait toutes les semaines des débats dans chaque classe. » Pendant quatre heures, les élèves qui s’apprennent à faire leur entrée au collège ont pu s’exprimer sans filtre. Objectif ? Confier leurs peurs et leurs problématiques du quotidien.
« C’est des petites graines qu’on est en train de semer. »
Le harcèlement, c’est quoi ? Rejet de la différence, violences verbales ou physiques… Qu’il soit scolaire, moral, physique ou connecté, le harcèlement débute lorsqu’il y a des violences répétées. Au début des discussions, Nora Fraisse étonne rapidement les élèves en prenant pour exemple un endroit qu’ils connaissent bien : la cours de récréation. « Si vous m’empêcher de vivre ma vie, c’est une forme d’harcèlement. » Pourquoi les filles n’ont-elles pas le droit de traverser le terrain de football ? Pourquoi ceux qui ne jouent pas au football doivent longer les murs ? Pourquoi la cours réserve naturellement un espace pour les filles et un autre pour les garçons ?
- Pour anecdote : A Nanteuil-lès-Meaux, le nouvel établissement a été créé avec un terrain de football. « Une fois que vous créez un espace, il est privatisé et élargit. » Chez les garçons, les violences sont synonymes de bagarres alors que chez les filles, c’est une violence psychologique qui est mise en place (rumeurs, mise à l’écart, insultes).
La privatisation de la cours de récréation, un sujet d’ouverture. Dans chaque classe, les harceleurs et les harcelés ont pu discuter avec Nora Fraisse. « L’accueil des enfants est convivial et bienveillant. On a l’impression qu’ils attendent ce moment avec impatience parce qu’ils entendent parler depuis des années du harcèlement, mais on ne les laisse exprimer leurs émotions, leurs histoires ou leurs doutes. » En moyenne, un élève est particulièrement harcelé à l’école entre 12h à 14h : dans les couloirs, la classe, la cantine, le chemin et dans les commodités.
Quels sont les conséquences ? Anxiété, perte d’estime de soi, état dépressif, conduites à risque et absentéisme… Un élève harcelé peut grandir avec des séquelles irréversibles. « Il ne faut jamais oublier qu’un harceleur peut-être aussi harceler ou victime de violences. » Avec la monté en puissance des réseaux sociaux, le harcèlement scolaire se poursuit à la maison, grâce aux plateformes interactives (Tik Tok, Snapchat, Youtube…).
Grâce à ses premières discussions, Nora Fraisse instaure quelques premiers réflexes. Entre les deux classes nanteuillaises, des différences sont ressorties. « Le premier était plus sur les réseaux sociaux, sur le groupe, sur le vécu avant le CM2. Avec le deuxième groupe, on est rapidement rentré sur les violences sexistes, la misogynie, l’égalité filles-garçons, le harcèlement plus dur… On était sur des choses qu’on évoque plus en sixième ou en cinquième. » Le harcèlement est partout, à tout âge et de plus en plus, violent. « C’était incroyable et exceptionnel. La parole se libère. Elle a l’art de leur parler et de raconter son expérience. » souligne Régis Sarazin.
Initiative municipale, cette rencontre a également permis aux animateurs de la ville d’échanger avec l’association Marion La Main Tendue pour accompagner, avec pédagogie, les élèves à leur entre au collège.
« On va former tous les animateurs des centres de loisirs, c’est important de faire un don à l’association et de les aider. » Pour accompagner financièrement les actions de Nora Fraisse, Nanteuil-lès-Meaux a fait un don de 1 000 euros.