Le Château de Jossigny, quand l’artisanat se mêle à notre patrimoine. Depuis plusieurs mois, le Château de Jossigny s’est complètement transformé en un temple de la création. Sous l’impulsion du Centre des Monuments Nationaux, le domaine est l’un des premiers joyaux de notre patrimoine à accueillir un tiers-lieu. Dans les communs du château, une douzaine d’artisans d’art ont investi l’espace. Fleuriste, mosaïste, tapissier et abat-jouriste… Les créateurs emportent le Château de Jossigny dans une autre dimension.
Un tiers-lieu au Château de Jossigny, une première en France. Parfaitement ancré dans son territoire et dans son temps, le Château de Jossigny aborde fièrement ses nouvelles parures. Un joyau de notre patrimoine qui renaît sous de nouvelles coutures. « Le Centre des Monuments Nationaux a décidé de se lancer dans cette aventure des tiers-lieux, je pense qu’on est précurseur en France. Jossigny est le premier tiers-lieu du Centre des Monuments Nationaux, il est possible qu’on soit le premier dans un lieu du patrimoine en France. » Mais… Un tiers-lieu, c’est quoi ? « C’est très divers en terme d’occupation et d’utilisation… On peut accueillir des activités auto-entrepreneuriales, des activités orientées sur le social, le développement durable, l’économie circulaire, on peut avoir un espace de restauration ou de la réparation de vélos. (…) Mais aussi, c’est le cas ici à Jossigny, on a des artisans d’art. » Une douzaine d’artisans d’art qui collabore en parfaite harmonie (et avec le sourire).
Un tiers-lieu dédié à la création. Dans les communs du Château de Jossigny, une douzaine d’artisans d’art exerce leur passion, ce sont majoritairement des femmes. « On a une mosaïste, une bijoutier, une tapissier en mobilier, une abat-jouriste qui fait aussi de la marqueterie de paille, on a une fleuriste en fleurs séchées. On a une créatrice de décors de théâtre qui est très très efficace, on a une créatrice de mode. On a une personne, Florida qui a une marque Nuances de Flow de vêtements teints en teinture naturelle. On a également une créatrice d’objets de décoration. » L’artisanat sous toutes ses formes… Le domaine accueille également des médiateurs en archéologie et un brasseur connu des seine-et-marnais, la Microbrasserie Second Degré. « Ils ont tous candidaté, on a eu 90 candidatures pour le tiers-lieu de Jossigny, on avait potentiellement entre douze et quinze places… Finalement, on en a gardé douze, les meilleurs dossiers, des gens qui avaient beaucoup de motivation. » Comment ont-ils été choisi ? « Le critère de la proximité locale était peu prégnant, on ne voulait pas fermer des portes. On était surtout sur la compatibilité de l’activité avec les lieux (…) Et puis, la complémentarité entre les uns et les autres… On a une fleuriste en fleurs séchées, on ne peut pas mettre à côté, une activité de sculpteurs sur pierre qui va faire beaucoup de poussières. » Pour anecdote, le Centre des Monuments Nationaux ouvre les portes du Château de Jossigny aux artisans d’art à moindre coût.
Quels sont les perspectives pour les artisans d’art ? A l’intérieur des communs du château, les idées fusent autour d’un collectif en parfaite harmonie. « On a déjà des premières collaborations grâce à cette complémentarité des métiers, certains occupent l’espace à deux et s’entendent bien. D’autres ont commencé… Le tapissier avec la marqueteuse de paille, ils ont fait un bridge très joli. » Un tiers-lieu qui investi un domaine patrimonial ? Et bien, ça marche ! Depuis quelques jours, quelques artisans ont d’ors et déjà retroussé leurs manches pour s’attaquer au jardin. « Quatre occupants parmi les douze ont demandé à avoir une petite parcelle (un lopin de terre – jusqu’à 50m² ou 80m²) pour planter des légumes ou des fleurs pour pouvoir les exploiter dans le cadre de leurs activités. » Pour exemple, les fleurs qui pousseront prochainement serviront à la création de teintures végétales (Nuances de Flow). Le mantra des artisans d’art ? Le circuit ultra court !
Un premier tiers-lieu en Marne et Gondoire, un pari réussi. Pourquoi le Centre des Monuments Nationaux a-t-il choisi de se lancer dans cette aventure ? « C’est pour montrer que le patrimoine est vivant, je crois que c’est très très important. On s’attache au patrimoine, si on apprend à le connaître. On s’attache au patrimoine, si on vient le visiter. Un patrimoine qui ne vit pas, où il ne se passe rien, c’est un patrimoine qui est destiné à mourir. Un tiers-lieu dans un lieu du patrimoine, ça fonctionne très bien, on voit que c’est respectueux, il n’y a pas de problème d’incompatibilité… C’est déjà une super victoire. » Est-ce un renouveau pour le domaine ? « Le Château de Jossigny entre dans une certaine modernité avec ce tiers-lieu, c’est une forme de renaissance. C’est un château qui a été un peu abandonné pendant de très longues années. Pour moi, c’est le moyen d’attirer l’attention dessus et d’obtenir les financements pour le restaurer intégralement. » Pour rappel, si quelques pièces du château sont régulièrement ouvertes aux visiteurs (Journées Européennes du Patrimoine, escape game), le domaine nécessiterait une rénovation complète.
Quel avenir pour le Château de Jossigny ? Sous cette première impulsion, le Centre des Monuments Nationaux pourrait-il envisager une dimension artistique plus relevée dans les prochaines années ? « Mon objectif, ce serait que le château devienne un espace de showroom pour les artisans qui sont sur le site. Un château du XVIIIème siècle, le lien avec les métiers d’art est extrêmement fort. Quand on tourne le tête, on voit des métiers d’art : l’ébénisterie, les parquets, les stucs… C’est absolument partout ! Les œuvres d’art des créateurs d’aujourd’hui fonctionnent très bien, le XVIIIème siècle, c’est l’invention du design. Il y a une vraie modernité dans tous les objets, ils sont très accueillants, avec beaucoup de caractère. » explique Mathias Le Galic.
Au Château de Jossigny, le tout premier tiers-lieu du Centre des Monuments Nationaux a ouvert ses portes en fin d’année 2022. Pour rappel, une douzaine d’artisans d’art ont envahi les communs du château.