La reconnaissance du braille à l’échelle nationale, un combat local. Le saviez-vous ? En France, Louis Braille, inventeur de l’écriture braille, est le seul seine-et-marnais à reposer au Panthéon. Plébiscité à l’international, son génie n’est pas assez reconnu en France (et encore moins en Seine-et-Marne). Le samedi 8 juin 2024, la municipalité de Coupvray et la Fédération des Aveugles et Amblyopes de France (FAAF) ont signé un accord historique : le lancement d’un Groupement d’intérêt public (GIP) ‘Louis Braille’. Un pour tous et tous pour la reconnaissance du braille !
Un jour historique. Depuis 1958, Coupvray est propriétaire du Musée Louis Braille, dont la gestion est assurée par la Fédération des Aveugles et Amblyopes de France (FAAF). Depuis 2021, la commune et la fédération collaborent sur un projet commun de gestion du musée. Le lancement du Groupement d’intérêt public ? Une nouvelle étape ! « C’est surtout, l’aboutissement de deux ans de travail collaboratif avec l’association de la Fédération des Aveugles et Amblyopes de France (FAAF). Avec Bruno Gendron, on est heureux de concrétiser officiellement cette signature. On est au début d’une grande ambition sur Louis Braille avec un musée avec un petit peu plus d’importance (et mieux reconnu). Elle nous implique collectivement à trouver d’autres partenaires pour porter un projet ambitieux qu’on va écrire et porter ensemble. » Ici, il y a un seul langage universel : le braille. « Pour la FAAF, c’est une véritable promotion de l’écriture et la lecture braille. Au-delà, une mise en évidence sur l’autonomie et la citoyenneté des personnes aveugles et malvoyantes. Sans pouvoir lire ou écrire, la citoyenneté est plus qu’entachée. Ce GIP, c’est un outil qui va permettre de promouvoir tout ce qui est fait dans le musée. » Le Groupement d’intérêt public devrait donner plus d’ampleur au musée et accompagner son développement. « Il a des difficultés à se développer dans la mesure où il n’y a pas de moyens. » Un outil qui permettra aux acteurs de faire rayonner le braille en France, comme il se doit !
A quoi servira ce Groupement d’intérêt public ? Cette signature permet notamment de reconnaître toutes les démarches mises en place par la ville : la création du jardin des cinq sens, les acquisitions foncières et l’agrandissement du musée. « Louis Braille est presque mieux reconnu à l’étranger qu’en France. En France, on célèbre assez peu le braille, l’écriture n’est pas si bien connue que ça. Il y a des mélanges… Les gens n’ont pas toujours la notion qu’il s’agit d’une mode de lecture et d’écriture, ça donne un accès à l’éducation, à l’emploi, à la culture et à la formation. » Enterré au Panthéon, Louis Braille figure parmi les grands hommes ayant mérité la reconnaissance nationale, mondialement reconnu pour son invention d’un système universel d’écriture pour aveugles, le braille. Utilisant une combinaison de 1 à 6 points en relief disposés en deux colonnes de trois points, son système a transformé la communication pour les personnes aveugles. « On a une vision partagée, ça nous permet de rayonner beaucoup plus et d’avoir une vraie stratégie. » Une dynamique qui s’inscrit dans les valeurs de notre pays : la liberté, l’égalité et la fraternité. « C’est un long combat qui date de 200 ans. L’année prochaine, on va fêter la version définitive du code braille. C’est une année importante ! Je suis très content que le GIP ait vu le jour avant. On pourra sans doute utiliser cet outil ! » Le Groupement d’intérêt public permettra notamment de sensibiliser le public à cette invention d’une importance capitale.
Louis Braille, un parcours de vie exemplaire. Complètement dédié à l’éducation des personnes malvoyantes, Louis Braille invente le braille à l’âge de quinze ans avec un objectif : faciliter le quotidien de ses frères et sœurs. « On a accès à tous. Aujourd’hui, on peut avoir les mêmes choix qu’une personne voyante, c’est-à-dire lire un ouvrage avec un livre en papier ou alors avec un outil numérique (avec une lecture en braille). » Il y a quelques années, les livres traduits en braille étaient écrits à la main… Souvent, il n’y avait qu’un seul exemplaire par ouvrage. « Il y a un vrai sujet, pour apprendre le braille, il faut avoir des enseignants en nombre suffisant. C’est un vrai sujet ! Aujourd’hui, il faut qu’on développe les propositions d’enseignement du braille pour pouvoir poursuivre le développement de cet apprentissage essentiel. » Président de la Fédération des Aveugles et Amblyopes de France, Bruno Gendron n’aurait pas eu la même vie sans Louis Braille. « Fondamentalement, c’est une question de citoyenneté et d’autonomie des personnes. Il a changé ma vie de façon essentielle… Si je n’avais pas appris le braille, aujourd’hui, je ne saurai ni lire, ni écrire. Je ne vois pas comment j’aurais pu embrasser une carrière universitaire. Dans ma vie quotidienne, je ne vois pas comment je pourrais repérer mes médicaments… Si j’ai envie de lire un ouvrage en braille, je peux le lire. Et j’ai le choix, le même choix qu’une personne voyante. » Une autonomie quotidienne qui ne pourrait se faire sans le braille.
Un accord historique, une journée pleine d’émotions. Arrivé sur les terres de Louis Braille, Bruno Gendron était particulièrement ému au moment de la signature officielle. « Je suis arrivé avec une bonne dose d’émotions. Je me suis revu petit garçon pour apprendre le braille. Je me suis dit que si Louis Braille n’avait pas vécu et n’avait pas eu cette géniale invention, je n’en serais pas là. Le vivre dans la commune où il est né… Il y a une âme dans cette commune, il y a quelque chose qui se vit ! » Une émotion partagée par Thierry Cerri. « C’est notre patrimoine, c’est notre héritage… C’est aussi des valeurs importantes qu’on essaye de défendre au quotidien. » La notion de l’autonomie pour tous, un combat qui prend de l’ampleur avec ce GIP. « J’ai un double sentiment. La satisfaction d’un travail accompli et partagé dans lequel, on a plein d’ambitions et plein d’envies. Et puis… On voit que la montagne est haute. Il y a beaucoup de choses à faire… » Une bataille qui a déjà commencé depuis plusieurs années pour le maire de Couvray (avec notamment les négociations pour son entrée au patrimoine mondial de l’UNESCO).
Un Groupement d’intérêt public déjà ambitieux. En plus de l’organisation du bicentenaire de cette invention, la commune de Louis Braille a d’autres idées. « On a fait un certain nombre d’acquisitions foncières qui vont venir nourrir le musée Louis Braille. On a fait l’acquisition à l’entrée du musée qui nous permettrait d’agrandir l’accueil. On a fait l’acquisition d’un terrain au niveau du jardin des cinq sens qui va nous permettre de lui redonner un peu plus d’ampleur. » Dans quelques temps, les services techniques (actuellement logés en face du musée) devraient déménager dans des locaux plus importants. « La commune grandit, elle a besoin d’un peu plus d’espaces pour ses services techniques. » Leurs anciens locaux permettront à la ville de développer un espace culturel dédié au braille et à la déficience visuelle. « Il y a un certain nombre de manifestations qu’il va falloir construire. C’est le nerf de la guerre… Si on veut partager, diffuser et faire comprendre, il faut qu’on s’organise. C’est un peu le but du GIP, c’est de structurer collectivement avec plein d’idées et plein d’envies. » souligne Thierry Cerri.
Vous avez envie d’en apprendre plus sur l’histoire de ce Cupressien talentueux ? Suivez le guide… A Coupvray, le Musée ouvre ses portes du mercredi au dimanche de 10h à 18h. Informations et réservations, juste ici.