L’implosion des tours Camargue et Chambord, la prochaine étape du plan de rénovation urbaine. Souvenez-vous… En mars 2021, les tours Alsace et Anjou explosaient sous nos yeux. Quelques années plus tard, ce sont des immeubles à taille humaine qui ont remplacé ces tours d’une dizaine d’étages… Un nouveau cadre de vie pour les habitants du quartier Beauval. Le vendredi 11 octobre 2024, Jean-François Copé (Maire de Meaux) et Benoit Kaplan (Préfet délégué pour l’égalité des chances) ont visité le chantier de démolition des tours Camargue et Chambord dont l’implosion est prévue pour décembre 2024… Un moment symbolique.
Quartier par quartier, la ville change de visage. Sélectionné parmi les sites du Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain (NPNRU), le quartier de Beauval change progressivement de visage pour offrir aux habitants un cadre végétalisé et un quotidien apaisé. Depuis 2004, plus de 1 500 logements ont déjà été démolis. « Avec le nouveau programme de rénovation urbaine et le programme précédent, on est aussi aux alentours des 1 500 logements à démolir. La visite qu’on a faite aujourd’hui correspond à deux bâtiments de 350 logements : les tours Camargue et Chambord. Par la suite, nous aurons encore deux tours identiques à démolir dans trois ans (relogement des habitants, travaux de démolition) : les tours Aquitaine et Argonne. » Le dimanche 15 décembre 2024, les deux tours Camargue et Chambord de seize étages seront foudroyées. Plus petite, la tour Provence devrait être détruite par grignotage, dans les semaines à venir.
Dans les coulisses du chantier. A l’intérieur des deux immeubles, il ne reste presque plus rien. Si les murs gardent les souvenirs d’une vie (avec du carrelage, du papier-peint ou même des dessins), les couloirs ont été complètement désossés. Depuis le départ des derniers locataires en mars dernier, le chantier de destruction a commencé. Un travail titanesque… « Par moment, on a eu sur ce chantier près de 70 personnes qui ont travaillé avec les entreprises Melchiorre Démolition et AD. Il faut désencombrer les logements qui sont restés pour commencer à faire un peu de déconstruction, surtout du désamiantage. Ce n’était pas de l’amiante friable qui était dangereuse pour les locataires, c’était de l’amiante qui était importante à enlever pour les travailleurs. » Pour imploser les bâtiments, il faut déjà affaiblir les structures. Les deux tours tomberont à deux ou trois secondes d’intervalles. « Là, on va faire imploser le rez-de-chaussée puis par des micro détonateurs, l’ensemble du bâtiment va imploser. Il y a des mesures de sécurité qui sont mises en place mais aussi des mesures compensatoires pour éviter qu’il y ait trop de poussières avec des jets et des piscines d’eau qui implosent en même temps. » Une fois à terre, les équipes devront tout nettoyer… avant de lancer un plan d’aménagement d’ensemble.
A quoi peut-on s’attendre ? A taille humaine, les nouveaux immeubles devront être beaux et fonctionnels, à l’image des nouvelles constructions (sur le site des précédentes tours Alsace et Anjou). « On fait l’objet de travaux d’aménagement et de construction de nouveaux logements. Il faut savoir que le quartier Beauval (A,B et C) comportait 100% de logements sociaux. Après la démolition et la reconstruction des logements, on est à un taux de 40%. A chaque fois qu’on démolit un logement, on reconstruit un logement (pas forcément sur site). Les zones libres sont mises à disposition des promoteurs (avec de l’accession à la propriété). » Les immeubles qui remplaceront les tours Camargue et Chambord seront constitués de quatre à cinq niveaux. Il devrait y avoir des logements sociaux, des logements en accession à la propriété sociale et des logements dits privés (en accession classique).
Une nouvelle vie qui commence. Depuis le lancement du projet de rénovation urbaine, le quotidien des habitants de Beauval a bien changé. En l’espace de quelques années, la municipalité a investi sur le quartier avec l’aménagement de plusieurs sites comme l’Espace Caravelle, une médiathèque et le parc Chenonceau. « Ce qui est impressionnant, c’est qu’on fait de la ville sur la ville. On a tous visité des endroits chargés d’histoire… Là à Meaux, c’est chargé d’histoire avec ses bâtiments de 1967, ils ont eu cette vie là. La collectivité et ses partenaires ont décidé d’un autre destin. » Grâce à ces nouvelles constructions, le visage de Meaux change… pour une qualité de vie plus homogène. Une dynamique qui garantit l’égalité des chances pour chaque jeune meldois ! « C’est un élément important dont on discute beaucoup avec Jean-François Copé et ses équipes. A la fois sur l’ambition culturelle et éducative mais aussi sur l’ambition architecturale… Aujourd’hui, la volonté de faire beau dans les nouvelles constructions, y compris sur le logement social, c’est un élément absolument essentiel. On ne peut plus se passer de cette approche architecturale et esthétique. » Malgré tout, les équipes de Pays de Meaux Habitat se mobilisent largement pour permettre aux habitants d’être mieux logés… et de trouver leur nouveau nid. « On a mis beaucoup de temps pour reloger l’ensemble des locataires… Le dernier locataire étant parti en mars, on a mis quasiment deux à trois mois pour reloger les quatre derniers locataires. Il faut imaginer… On avait deux tours de 160 logements avec deux ou trois locataires dans chacune des tours. Compliqué pour eux et pour nous, mais il fallait prendre le temps parce qu’on gère de l’humain. » Des personnes qui ont perdu leurs repères… avant de finalement trouver un meilleur foyer.
Dans les temps, le chantier de démolition impressionne. Le vendredi 11 octobre 2024, Jean-François Copé était entouré par le Préfet délégué pour l’égalité des chances, Benoit Kaplan. « C’est un moment fort parce qu’on sent que le bâtiment est réduit à sa plus simple expression. Il y a à la fois un sentiment de force parce que c’est quand même seize étages (21 000 tonnes de bétons et de matériaux), tout ça va s’écrouler de manière calculée, il y a un mélange de force et de faiblesse. C’est un moment singulier ! » Aux côtés de la municipalité, l’Etat agit pour rénover ces quartiers. « On est là pour s’assurer que la destruction se fasse dans les normes. En même temps, on appuie la ville, le bailleur et les habitants dans la montée de ce projet mais c’est un moment émouvant et poétique parce que ce bâtiment a accueilli de la vie depuis 1967. C’est aussi impressionnant de voir que 97% des matériaux vont être recyclés et ça, c’est vraiment un point très positif. » Sur le chantier, les équipes ne s’arrêtent pas… Elles œuvrent quotidiennement pour que la démolition des deux tours se fassent dans les temps. « C’est ça qui est fascinant avec le monde du bâtiment… On découvre toujours des choses qui sont un peu folles, en fait. Quand on va dire qu’on va faire s’écrouler 21 000 tonnes de bétons, de gravas et de matériaux… Et qu’on va envoyer un rideau d’eau pour contenir la poussière… J’aurais tendance à dire qu’il fallait y penser. C’est très impressionnant sur le plan technique et sur le plan scientifique. Il y a un côté presque œuvre d’art d’envoyer un grand rideau d’eau auprès de ses seize étages. » nous souffle Benoit Kaplan, visiblement très impressionné.
« L’objectif, c’est d’y faire de la mixité comme sur les autres quartiers de Beauval. » Le foudroyage des tours Camargue et Chambord est attendu pour le 15 décembre 2024. Situés à proximité du canal de l’Ourcq, 30 ou 40% des futurs logements seront gérés par Pays de Meaux Habitat. La procédure de relogement des habitants des tours Aquitaine et Argonne a d’ors et déjà commencé.